19.2.18

Palétuvier

 Le #205 s'assombrit, t'obligeant à allumer la petite lampe de bureau posée à la gauche du PC afin de mieux distinguer les touches du clavier et réduire ainsi les erreurs de frappe toujours aussi nombreuses bien que tu utilises des claviers AZERTY depuis la nuit des temps. Tu ne seras jamais le Glen Gould du PC. Il faut te faire à cette idée. Les trois phrases précédentes t'ont déjà demandé de multiples reprises. Aussi, les mots ne cessent d'être soulignés de rouge par le correcteur automatique. C'est regrettable, car, avec une bien meilleure dextérité, tu disposerais de beaucoup plus de temps pour écrire des billets et la frappe se ferait alors moins décourageante. Tu pourrais, avec des doigts plus agiles, une frappe plus précise, te noyer dans une sorte de logorrhée textuelle qui ferait de tes discours un véritable tsunami. Immense déferlante qui te soulèverait de la brune mangrove, dans laquelle tu patauges tristement, vers les terres intérieures verdoyantes et fraîches où tu n'as jamais mis les pieds, profondément enraciné par ta maladresse, lourd palétuvier sans âge que tu es.

4 comments:

  1. " La brune mangrove " par sa qualité complexée et dans laquelle tu tends patiemment les doigts et par laquelle tu regardes l'autre, jeu du miroir, je me suis vue en ta béquille, la plus longue, la plus enracinée.

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  2. Je n'aurais jamais imaginé que tu puisses de toi-même te comparer à un marécage, K.. Mais, le trope n'est pas dénué de sens, effectivement, car la mangrove est particulièrement riche et féconde, aussi le palétuvier bien implanté ne risque de se défolier puis de péricliter. Le tsunami ne passera pas...

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  3. La mangrove est faite de profondeur, Y. Aucune réelle comparaison malvenue, seulement un soupçon d'allégorie lu au bon moment entre nos récits.

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    1. Une lecture à laquelle je me joins, mais que toi seule pouvais faire, K..

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