29.1.18

Ancienne route



 Finalement, trois jours après, Saki et toi, vous n'avez pas donné réalité à l'envie — surtout pour toi — de prendre la route ensemble. Vous vous êtes contentés de visionner d'antiques images faites avant même que Saki ne vienne au monde. Saki, qui n'a jamais vraiment voyagé, t'as posé un tas de questions sur le plaisir qu'il pouvait y avoir à rouler sans but, vers l’inconnu. Tu lui as répondu, qu'un jour ou l'autre, tu lui permettras de découvrir, par lui-même, cette sensation. Saki est un animal patient. Toi aussi. Il y a un bon jour pour tout.

Mes pensées

 Hélas, quelles drôles de choses vous êtes mes pensées écrites et peintes ! Il y a peu, vous étiez encore si multicolores, jeunes et malignes, pleines de piquants et d’épices secrètes que vous me faisiez éternuer et rire, et maintenant ? Déjà vous vous êtes dépouillées de votre nouveauté, et quelques-unes d’entre vous sont, j’en ai peur, sur le point de se transformer en vérités : elles ont déjà l’air si immortelle, si désespérément comme il faut, si ennuyeuses ! Et en fut-il jamais autrement ? Quel genre de choses écrivons-nous et dépeignons-nous donc, nous, mandarins aux pinceaux chinois, nous éterniseurs de choses qui peuvent s’écrire, quelles sont les choses que nous soyons capables de dépeindre ? Hélas, jamais rien d’autre que ce qui est sur le point de se faner et commence à perdre son parfum ! Hélas, jamais rien d’autre que des orages qui se retirent, épuisés, et des sentiments jaunis et tardifs ! Hélas, jamais rien d’autre que des oiseaux las de voler qui se sont égarés et que la main — notre main — peut désormais saisir au vol ! Nous éternisons ce qui n’en a plus pour longtemps à vivre et à voler, rien que des choses fatiguées et plus que mûres ! Et c’est seulement pour votre après-midi, mes pensées écrites et peintres, que j’ai des coloris, bien des coloris peut-être, bien des tendresses multicolores et cinquante jaunes, bruns, verts et rouges : mais à les voir, nul ne devinera ce qu’était votre aspect à votre matin, vous, les étincelles et prodiges soudains de ma solitude, vous, mes chères mes mauvaises pensées !
Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal   

26.1.18

La route



 Certains jours, tu imagines reprendre la route en direction de l'Ouest et descendre ensuite vers le Sud. Tu vois, dans ton rêve éveillé, Saki paisiblement endormi sur le siège-passager. Vous ne savaient pas combien de temps vous allez rouler. Vous ne savez même pas si ce voyage vous ramènera vers le lieu d'où vous êtes partis — La Zone. Tu préfères penser que ce départ est sans retour. Saki n'a pas d'avis sur cette éventualité. Pourvu qu'il soit avec toi. Pourvu que, Saki et toi, vous preniez la route ensemble. Ensemble pour l'éternité.

Love Came Here

25.1.18

Spectator

 Spectator turned 9 today!

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 Tu as mis Jonctions en fonction le 30 novembre de l'année dernière et, le 2 décembre suivant, tu racontais ce qui t'avais amené à ouvrir un blog sur lequel tu pensais alors ne publier aucune image. Un peu plus d'un mois plus tard, tu avais enfin réussi à remettre de l'ordre dans le PC. Depuis quelques jours, après avoir ré-installé Photoshop, tu recommences à post-produire des photographies et tu t'es même amusé à dessiner quelques planches digitalisées. Mais, là encore, comme souvent au cours des 20 années passées, tu estimes que tu restes assis bien trop de temps face à l'écran. Tu te demandes si le moment de prendre de réelles vacances n'est pas sur le point d'advenir. Cela ne tient qu'à toi, car rien ni personne ne t'obligent à pianoter sur un clavier tout en t'usant les yeux inutilement. Tu publies, cette nuit, la première image sur Jonctions et tu te donneras alors le temps d'y réfléchir. Laisser de côté pendant quelques jours cette machine est, pour Saki à qui je viens d'en parler, une excellente idée... Pourquoi pas ?

24.1.18

The Universe Smiles Upon You

 Chaque jours que l'Univers fait, depuis que ton PC est relié à l'Internet, tu recherches de nouvelles musiques, tu écoutes de nouveaux morceaux, mais, finalement, tu n'en retiens que très peu. Et puis, parfois, joue dans le casque, que tu portes serré sur les oreilles, la musique que, sub-consciemment, tu attendais. Alors, tu as l'impression qu'un de ces morceaux déposés sur le Web a été composé pour toi et qu'il vient à ton écoute juste à temps, au moment où tu en as le plus besoin, avec des paroles écrites spécialement pour toi. C'est ce qui s'est produit cet après-midi, lorsque tu as découvert White Gloves. Tu en es ravi, mais tout de même un peu triste de n'avoir pas su dans ta vie écrire, au moins une fois, un si beau texte, si poétique. Ou alors, c'est que tu ne t'en souviens pas. Pourtant, White Gloves, si limpide, semble facile à composer. Comment n'as-tu pas pu faire aussi bien ? Tu vas poser la question à Saki qui, lui-seul, doit avoir la réponse.

White Gloves

She was a queen. / She had a house. / She was a fighter. / She was a queen. / Had a good dude. / Bought me a rabbit. / She was a queen. / Wearing white gloves. / But she kept 'em clean. / Classy Lady. / But she wasn't quiet. / She was a queen. / One day she was gone. / She died in a fight. / 'Cause she was a fighter. / She was a queen. / She was a queen.
Khruangbin, The Universe Smiles Upon You   

14.1.18

Le cynisme des maîtres

La conscience des maîtres a son insolence spécifique : le cynisme des maîtres au sens moderne du terme, à la différence de l’offensive kunique. Le kunisme antique, le kunisme primaire et agressif, était une antithèse plébéienne à l’idéalisme, le cynisme moderne est cependant l’antithèse des maîtres à leur propre idéalisme comme idéologie et comme mascarade. Le maître cynique ôte le masque, sourit à son faible adversaire et l’opprime. C’est la vie. Noblesse oblige. Il faut de l’ordre.
Peter Sloterdijk   

11.1.18

Vermine

Ma poésie ne consistera qu'à attaquer, par tous les moyens, l'homme, cette bête fauve, et le Créateur, qui n'aurait pas dû engendrer une pareille vermine.
Isidore-Lucien Ducasse, dit comte de Lautréamont  

10.1.18

Remède

 Aussitôt que vous vous sentirez capable de mettre à profit les secours de mon art, commencez par fuir l’oisiveté ; l'oisiveté fait naître l'amour, et le nourrit une fois qu'il est né ; elle est à la fois la cause et l'aliment de ce mal si doux ; sans l'oisiveté, l'arc de Cupidon se brise, son flambeau s'éteint et n'est plus digne que de mépris. Autant le platane aime les pampres de Bacchus, le peuplier la fraîcheur des ruisseaux, et le roseau marécageux une terre limoneuse, autant Vénus aime l'oisiveté. Voulez-vous voir la fin de votre amour, occupez-vous ; l'amour fuit le travail ; travaillez donc, et vous serez sauvé.
Ovide, Les Remèdes à l'Amour   

8.1.18

↓+ K ↓↘︎→ + P


6.1.18

Écumes

 "Ecumes turned 6 today! We hope it was a great year, and we look forward to sharing many more!" Tumblr t'as rappelé, en début de soirée, que tu as complètement négligé Écumes, au cours de l'année dernière. Ce qui est d'ailleurs le cas pour les 14 autres micro-blogs ouverts sur cette plate-forme, à l'exception de Invisible & Ineffable sur lequel tu as publié jusqu'à la fin de l'automne 2017. Cette réflexion te donne un prétexte pour rédiger le premier billet de l'an 2018 sur Blogger. 2018... Tu n'oses même pas y penser, tellement l'horizon qui se profile sous ton regard incertain te semble mal crayonné, totalement raturé.