Ce qui nous fait vivre, c'est l'hypothèse que les problèmes, insurmontables de nuit, sont surmontables de jour. Et c'est pour cette raison que nous pouvons philosopher. Quand nous commençons à penser à notre manière de marcher, dit-il, il ne nous est bientôt plus possible de marcher, quand nous commençons à penser à notre manière de philosopher, il ne nous est bientôt plus possible de philosopher. Et quand nous commençons à penser à notre manière d'être, nous nous désagrégeons dans les plus brefs délais.
Thomas Bernhard, Perturbation
ReplyDeleteJ'aime cet aspect de différence du jour et de la nuit, comme si lorsque nous sommes dans le noir, allongés par la rupture, l'écoulement des situations paraissaient plus dense plus opaque. Comme si le sombre de notre exagération naissait avec le coucher du jour. Au lieu de nous fondre d'entente avec notre désir, nous l'assommons de raison. Disparaître pour être ?
Je ne fais pas la même lecture, K.. La nuit, coupé du monde, nous divaguons et c'est à ce moment là que nous prenons nos désirs pour la réalité. Et puis le jour se lève, nous nous voyons plus clairement, les fausses illusions de la nuit se dissipent, nous nous regardons tituber, confronté à la réalité du monde nous sommes alors incapables de penser clairement, et, ce que l'on tenait pour vrai au cours de la nuit se désagrège sans que nous n'y puissions rien. Ainsi va la vie, K.. Vivement la prochaine nuit !
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