Tu te seras acharné, pendant presque un mois, à remettre ton PC en état, c'est à dire à d'abord faire en sorte que l'écran affiche 1366 x 768 px, puis qu'un tas d'autres fonctionnalités, telle que la luminosité de l'écran, soient rétablies. Ce soir, tu es parvenu à tout remettre en ordre — passons sur les détails techniques de l'opération. Saki sait déjà qu'il va de nouveau pouvoir poser devant l'objectif du Nikon, puisque tu lui as dit que tu referas bientôt quelques portraits photographiques pour les publier en ligne. Saki est la star incontestée du World Wide Web et ses fans vont encore hurler de joie. L'année ne finit donc pas trop mal. Tout au moins, jusqu'à cette date...
26.12.17
22.12.17
Désagrégation
Ce qui nous fait vivre, c'est l'hypothèse que les problèmes, insurmontables de nuit, sont surmontables de jour. Et c'est pour cette raison que nous pouvons philosopher. Quand nous commençons à penser à notre manière de marcher, dit-il, il ne nous est bientôt plus possible de marcher, quand nous commençons à penser à notre manière de philosopher, il ne nous est bientôt plus possible de philosopher. Et quand nous commençons à penser à notre manière d'être, nous nous désagrégeons dans les plus brefs délais.
Thomas Bernhard, Perturbation
19.12.17
Nuageux
Tumblr vient, à l'instant, de te rappeler que "Cloud Number Nine turned 5 today!". Tu n'avais pas complètement oublié l’existence de ce Tumblr, mais il t'auras fallu y jeter un regard pour raviver les souvenirs des dernières images qui s'y affichent, puisque tu n'y a plus rien publié depuis octobre 2016. Tu te dis que, vu l'état de ton PC actuellement, ce n'est pas sur Cloud Number Nine, ni ailleurs que s'ajouteront de nouvelles images — photographiques ou autres. Aussi, tu te contentes pour le moment de lire des articles sur l'art photographique, que tu partages parfois avec K., pour ceux que tu estimes les plus intéressants. Tu as même entamé, au cours de ce mois-ci, La Photographie. Entre document et art contemporain, un essai volumineux rédigé et publié en 2005 par André Rouillé, puis recensé et critiqué par Michel Poivert. Tu ne désespères pas. Un jour où l'autre, tu reprendras ton Nikon en main et tu supposes déjà que cette interruption involontaire modifieras plus ou moins positivement ton regard et ton approche, forcément subjective, concernant ce domaine artistique. Rien ne presse. Tu as la vie devant toi.
11.12.17
Illusions
Et avec quelle quantité d'illusions ai-je dû naître pour pouvoir en perdre une chaque jour !
Emil Cioran
La faim
Tu t'es résigné à quitter ton siège, à délaisser l'écran du PC. C'est la faim qui t'a forcé à bouger. Tu n'avais rien mangé depuis 7:30 AM, le moment de ton petit déjeuner. Jusqu'en milieu d'après-midi, tu t'étais contenté d'avaler un litre d'excellent café ch'ti dont tu avais précieusement conservé un sachet. Mais, vers 4 PM, il fallu que tu te fasses violence pour te contraindre à nettoyer les ustensiles indispensables à la cuisson d'un vrai repas. La mort dans l'âme, tu as donc fait la vaisselle. Heureusement, le repas que tu as préparé ensuite était délicieux. Rassasié, tu as refait du café, que tu bois encore en ce moment, tout en pianotant sur ton clavier. Mais, surtout, en te rasseyant face à l'écran du PC, tu as largement souri après avoir découvert le commentaire de K.. Elle est un peu inquiète en raison de ton mode de vie. Tu viens d'y répondre, non sans une once d'ironie faisant appel, ou plutôt rappel, au thème brûlant d'une discussion que tu as eu au téléphone, dans la nuit, avec elle. Tu souris encore.
Immobile
Tu as complètement perdu la notion du temps. Aujourd'hui, tout comme hier, le ciel est gris scaferlati. Aussi, du lever du jour à la tombée de la nuit, la luminosité ne varie que très peu. Parce que tu n'as pas l'heure sous les yeux — un seul réveil à affichage digital, branché dans la cuisine, souvent tourné contre le mur et une horloge toujours masquée sur ton PC —, tu décomptes habituellement les heures en suivant le déplacement des ombres que le soleil découpe sur la façade de l'immeuble d'en face. Mais, depuis hier, les ombres ne se dessinent plus et tu ne vois pas le temps passer. Saki, quant à lui, est entré en hibernation. Il ne te rappelle plus les moments clefs de la journée, tels que les repas, les récréations faites de rapides combats, etc.. Alors, tu es là, scotché sur ton siège, face à l'écran, flottant dans le temps, immobile comme le sont dans le ciel les nuages livides que nul vent ne chasse. Tu consultes le bulletin météorologique de Weather Underground : Cloudy with occasional light rain throughout the day. High around 10°C. Winds WSW at 15 to 25 km/h. Chance of rain 40%. Et tu sais que tu resteras dans cette position là tant que le soleil ne reviendra pas, tant que les ombres d'en face ne se redessineront pas.
Concomitance
Dans ton esprit les termes "avenir" et "emmerdement" — "emmerdements" au pluriel, le plus souvent — sont absolument concomitants. L'un ne peut aller sans l'autre. Aussi, lorsque quelqu'un te demande, d'une voix douceureuse, quels sont tes projets, tu sens monter en toi la rage, cette mauvaise humeur qui se manifeste chaque fois qu'il te faudrait orienter ton regard vers ces putains de lendemains, comme si tu n'avais pas suffisamment de problèmes à résoudre à l'instant même.
10.12.17
8.12.17
Contact
Quelques minutes après avoir publié le billet précédent, tu as contacté K., par mail, pour lui révéler l'existence de Jonctions. Il ne te reste plus qu'à couper l'alimentation du PC, de la Hi-Fi, des deux lampes encore allumées, puis de siffler Saki afin d'aller au lit.
7.12.17
Jeudi
En ce jeudi finissant, tu as l'impression d'avoir rempli ta mission, ou presque, puisqu'il te reste encore quelques menues obligations à remplir. Car bien sûr, en ce bas-monde, les contraintes ordinaires ne prennent jamais fin et s'enchaînent sans que tu ne parviennes un jour à endiguer les flux et reflux des petits emmerdements quotidiens. Impossible donc de te délester totalement de ces contraintes récurrentes. Ce qui fait que, lorsque tu es parvenu à réaliser, comme aujourd'hui, une ou plusieurs démarches visant à te simplifier le cours de ton existence — de ta vie, aurait dit Goethe — pour les semaines et même pour les mois à venir, tu inscris ta satisfaction sur ton blog en pensant que, finalement, ce Jeudi fut une bonne journée. Journée bien meilleure que tu ne l'avais envisagée à ton réveil, lorsque, à 6 AM, Saki t'a sorti du lit en réclamant un sandwich, alors que tu manquais de sommeil parce que tu n'avais achevé, que très tard dans la nuit, la lecture de "Invisible", un roman de Paul Auster. Un roman comme tu n'en écriras certainement pas, car, toi, tu te contentes de blogguer. Ce qui te semble nettement plus facile étant donné que tu aimes, avant tout, t'économiser. Mais, là, tu t'avances un peu trop. Tu reviendras une autre fois sur ta paresse, cette douce passion logée au plus profond de ton être, inexpugnable. Tu en as suffisamment fait pour aujourd'hui et, de surcroît, tu sais que le "mieux" est l'ennemi du "bien".
6.12.17
Creux
Si tu cognes ta tête contre un vase et que ça sonne creux, n'en déduis pas que c'est le vase qui est creux.
Proverbe chinois
3.12.17
Deux ans
Tu viens, à l'instant, de prendre conscience que tu as délaissé, il y a tout juste deux ans, la publication sur "Horizon". Tu ne parviens pas à savoir si une période de deux ans représente une longue durée ou si, au contraire, la fin de l'automne 2015, s'est produite hier seulement. Tu y penses. Et finalement, tu te dis que la durée comme le temps sont totalement évanescents, inconsistants, déformables, modulables au gré des circonstances, de tes appréhensions, de ton état d'humeur. Les mathématiciens, les physiciens, les astrophysiciens, et peut-être d'autres encore, peuvent raisonner sur le concept d'espace/temps, mais pas toi. En tout cas, pas lorsque tu en viens à examiner ton espace intérieur. Tu constates alors que nulle échelle du temps ne peut y prendre appui puisque tes souvenirs sont ablativo tous en un tas, entremêlés à portée de main et non pas bien rangés sur d'innombrables étagères dont les plus hautes seraient très difficilement accessibles.
2.12.17
L'appel
Il arrivera un soir que, porté par le vent froid et violent, le hululement de la chouette lointaine appelle ton nom. Appel rauque et lugubre émis pour que tu rejoignes la belle oiselle au plus profond de la nuit. Quand tu seras auprès d'elle, une fois le vent tombé, elle te demandera de suivre son vol, de ne pas quitter du regard la blancheur immaculée des ses ailes. Elle prendra son envol et te conduira au creux de l'obscurité humide, brumeuse et odorante de l'immense forêt. Tu marcheras longtemps derrière elle jusqu'à ce qu'elle finisse par te perdre. Alors, elle hululera une dernière fois et t’abandonnera ainsi au cœur des ténèbres. Tu ne trembleras pas, tu ne frissonneras pas, non plus. La crainte ne te gagnera pas. Tu ne pourras retourner sur tes pas. Tu resteras là. Tu attendras. Silencieux, le jour peut-être se lèvera... Ou il ne se lèvera pas. Qui sait ?
A lazy afternoon
Le soleil s'est couché à 05:10 PM. Tu ne l'as pas vu se lever, pas plus que tu ne l'as vu de toute la journée. Le ciel est resté gris cendre, la couche nuageuse très basse. Par contre, ce que tu as bien vu, de tes propres yeux un peu chassieux, c'est une averse de neige, quand, vers midi, tu t'es appuyé contre la porte-fenêtre du salon pour jeter un regard sur le parc qui s'étend à l'Est sur une centaine de mètres. L'averse n'a duré qu'une heure environ mais les flocons étaient bien trop petits pour blanchir le paysage. Ils fondaient dès qu'ils touchaient le sol. Tu as pris Saki dans tes bras pour lui parler des rigueurs de l'hiver et pour lui rappeler que Pat et Schnoo étaient encore de ce monde lorsqu'il a neigé la fois dernière sur MTP. Saki a acquiescé : il s'en souvenait. Tu n'as rien branlé de tout l'après-midi. Saki a cultivé l'art de la sieste et, toi, tu t'es contenté de faire jouer de la musique sur la Hi-Fi. De la musique, aux tonalités douces, aux lignes mélodiques assez lentes, que tu as écoutée tout en buvant du café. Et puis, la nuit est tombée. Saki est sorti de la chambre pour se restaurer rapidement. Il a vite repris sa sieste sur le lit en s'allongeant à proximité du radiateur. Tu as alors consulté la météo pour les heures à venir : Partly cloudy skies. Scattered frost possible. Low around 0°C. Winds NW at 15 to 25 km/h. Il ne te reste plus qu'à te préparer un repas, à le consommer ensuite, sans y ajouter de miso, avant de penser à ce que tu feras de ta soirée, déjà bien entamée. Tu liras peut-être les 50 dernières pages d'Invisible, un excellent roman de Paul Auster que K. t'as offert, en octobre, lors de son toujours trop court séjour à MTP. Tu verras...
Impulsion
Dans la nuit du jeudi 30 novembre, penché sur ton PC, tu te berçais dans un état de vacuité et de songe. La dernière mise à jour de Windows ne te permet plus d'afficher correctement des images à l'écran où elles apparaissent déformées, étirées en largeur. Pour te sortir de ce cet état proche de la mélancolie, tu as rapidement créé "Jonctions" en te disant que ce blog ne comportera donc que du texte, contrairement à la plupart des blogs que tu as tenu jusqu'à présent. Tu l'as intitulé "Jonctions" en référence à un blog du même nom, créé en février 2007, il bientôt 11 ans, bien que tu n'envisages aucune bipolarité entre les deux. Tu sais déjà que le "Jonctions" d'aujourd'hui ne sera lu, au mieux, que par deux ou trois personnes, ce qui te semble satisfaisant parce que c'est d'abord pour toi que tu écris et publies, sans tenir compte, ou si peu, d'un lectorat quelconque. Jamais tu n'as rêvé d'être couronné sur tes vieux jours d'un Prix Nobel de blogging. Ta mission consiste par dessus tout à tuer le temps avant qu'il ne t'ait lui-même assassiné. Un blog représente, pour toi, l'une des meilleures armes contre le temps, ce serial killer invisible, insaisissable.
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